Soutien et réconfort dans les moments délicats de la fin de vie


La question de la fin de vie est me semble-t-il une des questions les plus complexes et délicates auxquelles la société moderne est confrontée.
En Belgique, la dépénalisation de l’euthanasie a été un sujet de débat intense et a suscité des réflexions profondes sur le respect de la dignité humaine, le soulagement de la souffrance et le droit à l’autonomie individuelle.
En tant que formatrice durant plus d’une dizaine d’années, j’ai accompagné de nombreuses équipes dans des services de soins palliatifs ainsi qu’en maisons de repos et de soins me confrontant fréquemment à cette discussion et aux prises de positions complexes et aux tensions émotionnelles et éthiques qu’elle suscite.
J’ai été témoin de nombreuses équipes de soignants confrontées à un équilibre délicat entre le respect de la volonté du patient, le « comment » prodiguer des soins palliatifs de qualité tout en respectant le cadre légal et la « protection » de la dignité humaine.
Parfois des jugements et positionnements de la part de leur propre institution peuvent compliquer la situation, ce qui a d’ailleurs été à l’origine de ma démission mais je ne m’étendrai pas sur ce point là.

Bref, il est évident que ces questions sont complexes.
Se limiter à des positions simplistes telles que “pour” ou “contre” l’euthanasie serait non seulement réducteur mais aussi potentiellement dangereux. Chaque situation est unique et singulière nécessitant une approche nuancée et attentive. Il est essentiel de reconnaître la complexité de ces questions et d’y apporter une réflexion approfondie.

Il arrive aussi parfois que ce soient les proches qui pensent qu’il faudrait “soulager” les souffrances physiques et/ou psychiques de la personne bien-aimée et que celle-ci s’accroche à la vie.. par peur, par espoir ou pour d’autres raisons tout aussi valables.
La législation belge sur l’euthanasie adoptée en 2002 permet aux patients en phase terminale et souffrant de douleurs physiques ou psychiques insupportables de demander une fin de vie assistée par un médecin.
Cette approche humaniste a été conçue pour offrir une alternative à la souffrance prolongée et inutile en fin de vie. Cependant, bien que cette loi soit encadrée de manière stricte et soumise à des conditions strictes, elle suscite encore des débats parfois passionnés quant à ses implications éthiques, sociales et évidemment émotionnelles.

Il y a quelques jours, j’ai assisté à un spectacle sous forme de récits personnels.
Une des comédiennes a partagé son témoignage, confrontée à la décision difficile que sa mère avait prise d’être « euthanasiée ».
Cela m’a rappelé que même avec une législation claire, accompagner un proche qui demande à être “euthanasié” reste une expérience peu banale et profondément troublante.
Dans ce contexte, des entretiens familiaux peuvent être d’un grand soutien permettant à chacun d’exprimer ses sentiments, ses craintes et ses souhaits.
Depuis plusieurs mois, j’accompagne une jeune dame que j’appellerai Caroline venue me consulter en raison d’une dépression consécutive au diagnostic fatal de sa maman qui elle n’a pas fait le choix de recourir à l’euthanasie.
Cette période difficile de « fin » de vie où il reste extrêmement compliqué d’aborder tant avec son papa, son frère, que sa maman la fin de « sa » vie à …elle…à lui…à eux… « leur » fin de vie.. « commune ? »… que d’émotions, d’inquiétudes et autres questions délicates….la fin de vie nous confronte-t-elle…

Je pourrai partager tant d’autres exemples. Et tous sont de riches expériences renforçant mon désir d’explorer davantage cette thématique complexe de la fin de vie et de partager mes réflexions à ce sujet.

Mon attachement particulier aux personnes âgées au-delà de 60 ans justifie que je partage mon temps de travail dans des centres de jour pour des seniors et des consultations spécifiques pour celles et ceux qui sont confrontés à cette période délicate de fin de vie.
Cette démarche ne concerne pas seulement les personnes âgées elles-mêmes mais comme je viens de l’écrire également leurs proches.
À maintes reprises, j’ai eu l’occasion de constater que lorsque les proches parviennent à accepter ce qui leur était alors inenvisageable, les personnes en fin de vie peuvent partir plus sereinement.
C’est pourquoi il est essentiel d’inclure les proches dans le processus d’accompagnement.

Quant à la question de la fin de vie des enfants, elle soulève des défis tout aussi complexes.
Les enfants peuvent également être concernés par cette période délicate, que ce soit en tant que patients eux-mêmes ou en tant que proches d’un être cher en fin de vie.

Mon expérience m’a montré à maintes reprises que la simple présence d’une oreille attentive et compatissante peut apporter un réconfort immense aux personnes confrontées à la fin de vie ainsi qu’à leurs proches.
En offrant un espace bienveillant et sécurisé pour exprimer leurs émotions, leurs peurs et leurs désirs, je cherche à fournir un soutien qui accompagne non seulement la personne en fin de vie mais aussi ses proches facilitant ainsi la clôture et la séparation dans des conditions de respect et de dignité.
Parfois, cela implique également mon accompagnement au chevet lorsque, pour diverses raisons, les proches trouvent difficile d’être présents ou lorsque les personnes se retrouvent sans soutien familial.

Kate Rizzi

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https://www.health.belgium.be/fr/sante/prenez-soin-de-vous/debut-et-fin-de-vie/euthanasie#:~:text=%C3%AAtre%20capable%20d’exprimer%20sa,ou%20pathologique%20grave%20ou%20incurable.